Regards linguistiques sur les mots polémiques
Número temático dirigido por Geneviève Bernard Barbeau (Université du Québec à Trois-Rivières) y Nadine Vincent (Université de Sherbrooke).
Número temático dirigido por Geneviève Bernard Barbeau (Université du Québec à Trois-Rivières) y Nadine Vincent (Université de Sherbrooke).
Geneviève Bernard Barbeau (Université du Québec à Trois-Rivières) et Nadine Vincent (Université de Sherbrooke)
Resumen : La langue sert tantôt de terrain de jeu, tantôt de champ de bataille aux différents mouvements qui animent une société. Pensons à la concurrence récente d’autrice à côté d’auteure, dont l’usage était jusqu’alors plus fréquent au Québec, qui a provoqué un débat sur les procédés linguistiques de féminisation et sur les enjeux de visibilisation des femmes dans la langue. Dans une autre perspective, l’emploi de bonjour-hi dans les commerces montréalais et la concurrence de take-out et pour emporter évoquée sur Twitter par l’Office québécois de la langue française à l’automne 2020 ont entraîné des débats qui ne portaient pas sur les mots eux-mêmes, mais sur le statut du français par rapport à l’anglais au Québec. Par ailleurs, des débats n’ayant pas pour origine un objet linguistique peuvent aussi faire une large part à la langue. Prenons l’exemple de l’emploi d’inconduites sexuelles dans la foulée du mouvement #MeToo, qui a suscité de nombreuses réactions de la part de personnes jugeant que l’expression contribuait à la banalisation des gestes posés.
Natalie Melanson Breau (Université de Moncton) et Isabelle Violette (Université de Moncton)
Resumen : Dans cette contribution, nous nous penchons sur le slogan Right fiers, conçu pour les Jeux de la francophonie canadienne 2017 à Moncton-Dieppe (Nouveau-Brunswick, Canada). Dès le lancement officiel, la légitimité linguistique du slogan est contestée et représente un enjeu de débat public. Au sein de la francophonie canadienne, un simple mot tiré de la langue de l’autre groupe ouvre la voie à un débat idéologique langagier. Or, plus de deux ans après la tenue des Jeux, de multiples Right fiers apparaissaient toujours dans des contextes discursifs sans liens apparents à l’événement originel. L’objectif de cet article est d’expliquer la postérité de l’expression dans l’espace médiatique franco-canadien. Nous avançons que l’expression Right fiers est progressivement passée d’un slogan à une formule discursive, passage qui est par ailleurs tributaire de la polémique linguistique qu’a tout d’abord suscité le dévoilement officiel.
Isabelle Lévesque (Université du Québec à Trois-Rivières) et Geneviève Bernard Barbeau (Université du Québec à Trois-Rivières)
Resumen : À la suite de discussions publiques concernant les injustices, inégalités et violences dont sont victimes certaines personnes et certains groupes au Québec, la fréquence d’emploi de l’expression racisme systémique a fait un bond fulgurant, notamment dans l’espace médiatique. Devenue un objet discursif d’importance dans le discours public, l’expression peut être envisagée comme une formule discursive qui a fait l’objet de compréhensions plurielles et antagonistes et qui s’est retrouvée au coeur d’une polémique métalangagière. À partir d’un corpus constitué de textes publiés dans trois quotidiens québécois, Le Devoir, La Presse et Le Journal de Montréal, notre objectif est d’analyser cette polémique, qui s’est manifestée notamment par la confusion entre les termes systémique et systématique et par la contestation du référent, ce qui a donné lieu à de multiples tentatives de définitions de toutes parts, marquées par des réfutations et des exemplifications.
Chiara Molinari (Università degli Studi di Milano)
Resumen : Cette étude vise à explorer les enjeux liés à l’expression minorité visible dans le contexte québécois. En effet, malgré sa fréquence, le sens de minorité visible fait l’objet de débats et de critiques, que ce soit de la part des institutions ou des citoyens, et ses contours sont souvent polémiques. Nous nous proposons donc de vérifier si l’expression peut être considérée comme une formule discursive et d’étudier un corpus constitué par des technodiscours (tweets) afin d’analyser la façon dont les usagers remettent en question et négocient le sens de la formule.
Stefano Vicari (Università degli Studi di Genova)
Resumen : Dans cet article, j’analyse les débats métadiscursifs autour du mot populisme dans les commentaires YouTube publiés entre 2015 et 2020 à la suite de vidéos où des spécialistes débattent autour du phénomène du populisme. Mon objectif est de montrer que bien que populisme soit considéré par les spécialistes comme une insulte fonctionnant comme étiquette polémique utilisée essentiellement pour dénigrer autrui, il fait l’objet, dans les échanges ordinaires, de remarques métadiscursives qui peuvent nuancer cette charge polémique jusqu’à l’effacer. Dans ce but, je me concentrerai sur trois pratiques métadiscursives ordinaires qui caractérisent le corpus, à savoir les actes de nomination, les lexicographismes, parmi lesquels on trouve différents types de resignification, et, enfin, les énoncés définitoires spontanés.
Albin Wagener (Université Rennes 2/INALCO)
Resumen : L’objectif de cet article est de proposer une étude de la circulation du mot féminazi et des représentations qu’il convoque, et ce, au moyen d’une étude de corpus en ligne. Constitué de textes médiatiques et de commentaires issus des réseaux sociaux, ce corpus permet d’obtenir une cartographie complète et variée afin de mieux comprendre les contextes d’utilisation de féminazi. Adoptant une approche croisant analyse de discours et humanités numériques, ce travail sur la violence langagière s’appuie sur la statistique textuelle, l’énonciation et l’argumentation, et est enrichi par l’introduction d’un corpus de mèmes, signes graphiques et textuels utilisés et produits en ligne afin de proposer des commentaires sur des sujets de société.
Nadine Vincent (Université de Sherbrooke)
Resumen : En prenant comme sujet d’expérimentation le mot woke, nous nous intéressons à la description lexicographique d’emplois polémiques dont les sens fluctuent et qui sont au coeur de l’actualité. Après avoir analysé les sources dictionnairiques qui attestent cet emploi, nous proposerons une description plus polyphonique de woke en tenant compte de l’évolution rapide des connotations et dénotations attachées à ce mot, selon qu’on l’utilise pour se désigner soi-même ou pour nommer quelqu’un d’autre. La démarche initiale sera rigoureusement la même que pour la lexicographie traditionnelle, mais le but ne serait plus d’identifier l’emploi dominant (en termes de fréquence et de distribution), mais bien de tenir compte de différentes acceptions d’un même emploi en fonction de l’émetteur, du récepteur et de la situation de communication.
Ann-Sophie Boily (Université du Québec à Chicoutimi) et Sandrine Tailleur (Université du Québec à Chicoutimi)
Resumen : Cet article propose une analyse critique de l’usage du mot réconciliation dans le discours politique fédéral. Utilisé dans un contexte de pays colonisateur comme le Canada, ce mot est chargé d’histoire et n’a pas la même connotation selon cellui qui l’utilise. Le corpus étudié est tiré des transcriptions des débats ayant eu lieu à la Chambre des communes autour du projet de loi C-91, la Loi sur les langues autochtones, adopté en juin 2019. Des 130 000 mots du corpus, nous avons analysé les 93 occurrences du mot réconciliation en français et en anglais à l’aide d’outils d’analyses thématiques et du discours pour en arriver à comprendre comment il est mobilisé par les parlementaires. Les stratégies discursives entourant l’usage de ce mot s’apparentent parfois aux usages privilégiés par les auteurices et leaders autochtones qui revendiquent une vision critique de la réconciliation, mais nos analyses montrent qu’elles s’appuient surtout sur ce que Daigle (2019) nomme le « spectacle de la réconciliation ».
Mireille Elchacar (Université TÉLUQ)
Resumen : Depuis quelques années, au Québec, à la demande de groupes de défense des droits des peuples autochtones, de nouvelles dénominations s’imposent par rapport à Indien et Amérindien, rejetées en tant qu’exonymes. Les appellations génériques mises de l’avant, Autochtone et Premières Nations, participent d’une volonté des communautés autochtones, groupes dominés, de se réapproprier un certain pouvoir symbolique. La redénomination se fait à des rythmes différents : le changement se fait parfois sans intervention, il est tantôt propulsé par des directives officielles, ou alors il rencontre certaines résistances. La présente étude examine comment ce changement s’opère à travers deux corpus, soit des textes de lois canadiens et des manuels d’histoire destinés à l’école secondaire.
Sophie Piron (Université du Québec à Montréal)
Resumen : Cet article est consacré à la thèse de la masculinisation du français, déployée par Éliane Viennot. Cette thèse soutient que des hommes lettrés au milieu du XVIIe siècle ont sciemment modifié le français pour y diminuer la présence du genre grammatical féminin. Cet argumentaire historique légitime en partie l’écriture inclusive contemporaine. À cet égard, la présente étude ne porte pas sur un mot polémique, mais sur le genre polémique qu’est devenu le masculin dans les sociétés francophones. L’objectif est d’apporter un contre-argumentaire historique à deux analyses proposées dans la thèse de la masculinisation, à savoir la question du e féminin en poésie au XVIe siècle et le féminin des noms de métiers au XVIIe siècle. À la lueur de l’histoire de la grammaire, de la lexicographie et de la langue, l’étude réfute la thèse de la masculinisation dans le cas des deux phénomènes discutés.
Marie Steffens (Université d’Utrecht/Université de Liège)
Resumen : La pandémie de Covid-19 a donné lieu à une explosion de néologismes pour désigner dans les différentes langues les nouvelles réalités qui apparaissent tous les jours à l’échelle mondiale. Entre flottement de l’usage et prises de position normatives, le genre de Covid-19 est au coeur d’une polémique largement relayée dans les médias. À partir d’un corpus d’articles de presse européens et canadiens francophones, cette contribution vise à identifier les arguments avancés par les différentes parties et à montrer comment les variables linguistiques, idéologiques et sociales s’articulent dans le discours de presse. Notre analyse rend compte de la complexité de ce débat dans lequel de nombreux paramètres interviennent : le rapport des francophones à l’emprunt en général et aux anglicismes en particulier, le bras de fer entre usage et norme, la légitimité et la diffusion des discours de référence, la variation interne au français et les préférences morphosyntaxiques des deux côtés de l’Atlantique.
Francesca Romana Cacciatori (Sapienza Università di Roma)
Fuente : Nicolas Sorba (dir.) (2021), Le français en Afrique : regards sociolinguistiques, Paris, L’Harmattan, coll. « Proximités sociolinguistique et langue française », 250 p. [ISBN : 978-2-8066-3742-0]
Judith Patouma (Université Sainte-Anne)
Fuente : Mélanie LeBlanc (2021), Dans l’accent de la Baie : se construire Acadien dans le sud-Ouest de la Nouvelle-Écosse, Sudbury, Éditions Prise de parole, coll. « Agora », 362 p. [ISBN : 978-2-8974-4275-0]
Stefania Guarneri (Università per Stranieri “Dante Alighieri” di Reggio Calabria)
Fuente : Fabio Rossi e Fabio Ruggiano (2022), Errori, orrori, regole e falsi miti dell’italiano contemporaneo, Firenze, Franco Cesati, 121 p. [ISBN: 978-88-7667-932-2]
Francesca Rodolico (Università di Messina)
Fuente : Prada, Massimo (2022), Non solo parole: percorsi di didattica della scrittura. Dai testi funzionali a quelli multimodali, FrancoAngeli, 314 p. [ISBN: 978-88-351-0693-7]